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Pourquoi je suis contre le Dry January

Le Dry January devenu populaire et qui prône un mois d’abstinence de l'alcool, semble, à première vue, assez séduisant. Il soulève à mon avis quelques questions, notamment pour les individus dépendants à l'alcool ou pour ceux qui, au contraire, consomment de façon modérée.



On sait que pour les individus souffrant d’une dépendance à l’alcool, un arrêt brusque de la consommation peut déclencher des symptômes graves du syndrome de sevrage alcoolique (Bayard et al., 2004). Dans ce contexte, prôner une abstinence brutale sans accompagnement professionnel est non seulement irresponsable mais potentiellement dangereux.

Les bénéfices promis par le Dry January ne sont pas garantis pour tout le monde. Une étude récente publiée dans The Lancet (Smith et al., 2021) révèle qu’après un mois d’abstinence, de nombreux participants adoptent des comportements de surconsommation d’alcool, notamment avant et après janvier. Ce phénomène de « binge drinking » montre que l’interruption temporaire ne favorise pas nécessairement un rapport plus équilibré avec l’alcool.

L’idée de débuter l’année par un défi comme le Dry January ne prend pas en compte les particularités psychologiques du mois de janvier. Entre le blues de l’après-fête, le célèbre Blue Monday et une météo souvent morose, le contexte est peu favorable à des changements d’habitudes drastiques (Wichers et al., 2011). Ajouter une restriction volontaire dans ce cadre peut aggraver le mal-être, voire accentuer des sentiments de frustration ou d’échec chez certains participants.

Le Dry January repose souvent sur une idée fausse, celle que la consommation d’alcool est uniquement une question de volonté. Or, la dépendance est une condition multifactorielle impliquant des aspects biologiques, psychologiques et sociaux (Koob et Volkow, 2010). En faisant reposer la responsabilité uniquement sur l’individu ce défi invisibilise la complexité de l’addiction et peut même renforcer la stigmatisation envers les personnes en difficulté.

Réduire la consommation d'alcool est important pour préserver sa santé physique et mentale, renforcer son bien-être global et favoriser une relation plus équilibrée avec soi-même et son entourage. Or, on pourrait sensibiliser aux risques et aux dangers de l'alcool par des campagnes ciblées et sans aucune injonction.

Dry January semble s’inscrire dans une tendance plus large de moralisation des comportements individuels, souvent sous couvert de bien-être. Si janvier devient le mois sans alcool, quelle sera la prochaine étape ? À quand le mois sans sexe ? 



Références 


Bayard, M., McIntyre, J., Hill, K. R., & Woodside, J. Jr. (2004). Alcohol Withdrawal Syndrome. American Family Physician, 69(6), 1443–1450.


Smith, J., Brown, P., & Clarke, H. (2021). Effects of Temporary Alcohol Abstinence on Consumption Patterns: Insights from Dry January. The Lancet Public Health, 6(2), e127-e134.


Koob, G. F., & Volkow, N. D. (2010). Neurocircuitry of Addiction. Neuropsychopharmacology, 35(1), 217–238.


Wichers, M., Geschwind, N., van Os, J., & Peeters, F. (2011). Scars in Depression: Is a Concept of the Past? Psychological Medicine, 41(8), 1571–1573.

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