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Le Chemsex. Plaisir chimique et mise en danger. Une lecture clinique

  • al
  • 31 mars
  • 4 min de lecture

Le phénomène du chemsex — contraction des mots chemical (substance chimique) et sex — désigne l’usage intentionnel de drogues dans un cadre sexuel, dans le but d’intensifier ou de prolonger les rapports, souvent dans un contexte collectif ou festif. Initialement repéré au sein des communautés gays urbaines, le chemsex a depuis élargi son spectre. Dans la majorité des cas, on parle de chemsex dans le cadre de la communauté LGBTQIA+, et plus spécifiquement chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). Cette pratique a d’abord été observée dans les grandes métropoles européennes, notamment à Londres, Berlin ou Paris, avant de s’étendre à d’autres contextes urbain.



Il mobilise aujourd’hui des préoccupations aussi bien sanitaires que psychologiques, sociales et sexologiques. Il ne s’agit pas de réduire cette pratique à ses risques ou à une addiction, mais bien d’interroger ce qu’elle vient dire du rapport au corps, au plaisir, à l’intimité et au lien à l’autre.



Les produits associés au chemsex sont variés. Méphédrone, GHB/GBL, crystal meth, cocaïne, kétamine, parfois MDMA. Ils sont choisis pour leur capacité à désinhiber, à intensifier les sensations, à favoriser l’endurance ou encore à modifier la perception du temps.

Le cadre est souvent celui de rencontres sexuelles multiples, prolongées parfois sur plusieurs heures, voire plusieurs jours. On parle de sessions, plans chems, sex parties. L’expérience y est marquée par une recherche de fusion, de performance, d’oubli de soi, mais aussi d’une forme de dépassement du corps et de ses limites naturelles.

Cette logique ne se limite pas à une simple quête de plaisir. Elle exprime souvent un besoin plus profond : rompre avec l’angoisse, le sentiment de solitude, la honte ou le manque de confiance en soi. Dans certaines histoires de vie, le chemsex vient prendre la place d’un traitement psychique, au sens où il anesthésie temporairement ce qui fait souffrir.


Une clinique du manque et du trop-plein

Du point de vue clinique, le chemsex met en tension deux pôles fondamentaux : le manque de lien et l’excès de stimulation. Il y a un vide à combler, une quête d’intensité qui peut prendre la forme d’un trop-plein sensoriel. C’est souvent ce déséquilibre qui rend la pratique problématique, non le désir d’expérimentation ou de plaisir en lui-même.

Les personnes concernées évoquent fréquemment des sentiments de solitude, un isolement affectif, une difficulté à établir des liens durables. Le sexe devient alors une scène où se rejoue une forme de reconnaissance. Le corps devient performant, invincible, désirable — mais au prix d’un recours à l’artifice. Et souvent, au lendemain de la session, surgit ce que beaucoup appellent le crash : vide, culpabilité, dépression, anxiété...

Le chemsex n’est pas une addiction dans tous les cas, mais il peut le devenir. Ce qui rend la frontière floue, c’est que l’attachement n’est pas uniquement au produit, mais au scénario global : la promesse de plaisir, l’absence de jugement, la possibilité de se sentir vivant.


Des risques multiples, au-delà du médical

Les risques associés au chemsex sont réels. Exposition accrue aux IST, notamment le VIH et les hépatites, usage de seringues partagées(Slam), overdoses, troubles psychiatriques, altérations du consentement. Mais réduire l’analyse à une grille médicale serait insuffisant.

Il est essentiel de ne pas moraliser la pratique, mais d’ouvrir un espace de parole où la personne peut dire ce qu’elle cherche, ce qu’elle y trouve, ce qu’elle y perd. Le rôle du sexologue est d’accueillir sans complaisance ni condamnation, de permettre une mise en mots de l’expérience.

La dimension symbolique du chemsex est souvent négligée. Que vient-il réparer, compenser, fuir ? Quelle est l’histoire du sujet avec le plaisir, avec le corps, avec la norme sexuelle ? Dans bien des cas, des vécus de rejet, de harcèlement, de stigmatisation, voire de violences sexuelles précèdent l’entrée dans la pratique. Le chemsex devient alors une tentative de reprendre le contrôle sur son corps, de se réapproprier son désir, même si cela passe par la transgression.


Une réponse plurielle, individualisée

L’accompagnement des personnes concernées nécessite une approche globale, respectueuse du rythme et des défenses de chacun. Il ne s’agit pas d’imposer, ni de diaboliser le plaisir, mais de réinterroger le sens de la pratique : est-elle choisie ou subie ? Est-elle source de plaisir ou de souffrance ? Quelle place prend-elle dans la vie sexuelle, affective, sociale ?

Un travail thérapeutique peut aider à reconstruire un lien au corps et au désir, à retrouver un plaisir qui ne soit pas uniquement médié par des substances. Il peut aussi être nécessaire de travailler sur l’estime de soi, la honte, la peur du rejet, la dépendance affective.

Certains dispositifs spécialisés (consultations dédiées, groupes de parole, accompagnement addictologique) proposent des réponses adaptées, en lien avec les réalités du terrain. La coordination entre les acteurs de santé sexuelle, les addictologues, les psychologues et les sexologues est souvent un levier précieux.


Une invitation à penser autrement le rapport au plaisir

Le chemsex nous confronte à une question centrale : comment penser le plaisir dans nos sociétés ? Dans un monde où la performance est valorisée, où le corps est hyper-exposé, où l’intimité est parfois remplacée par la consommation rapide, la sexualité devient le lieu d’enjeux complexes.

Le recours aux drogues n’est pas un caprice, ni une simple dérive. Il interroge la capacité de chacun à être en lien avec ses émotions, ses limites, son désir, mais aussi avec l’autre dans sa différence. Le chemsex, dans ses excès, vient parfois révéler un manque de cadre sécurisant pour explorer la sexualité autrement.

C’est pourquoi il est essentiel, dans le cadre d’une consultation, de proposer un espace d’écoute neutre et bienveillant, où chacun peut parler librement de ses pratiques, sans peur du regard, sans peur d’être "mal vu". Le travail du sexologue est de soutenir une démarche de réappropriation du désir, qui soit libre et lucide.

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GIANPAOLO FURGIUELE
Psychanalyste et sexologue Nice

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