ABDL : entre fantasme intime et incompréhension sociale. Comment en parler ?
- al
- 5 juin
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Dans le cabinet du sexologue, il y a des confidences que l’on dépose avec une infinie prudence. Le fantasme ABDL — acronyme de Adult Baby / Diaper Lover — fait partie de ces pratiques encore peu connues, souvent mal comprises, parfois moquées.
Né dans les années 1970 aux États-Unis, au sein des premiers cercles fétichistes et BDSM, le courant ABDL s’est d’abord développé à travers des petites annonces et des magazines spécialisés, avant d’investir les forums en ligne. Aujourd’hui, c’est une communauté internationale structurée, avec ses codes, ses récits, ses objets symboliques et ses espaces d’expression.
Pour celles et ceux qui le vivent, il ne s’agit ni d’un caprice, ni d’une pathologie, mais d’un univers intime, mêlant érotisme, régression, recherche de sécurité et parfois même identité.
ABDL, des pratiques
L’ABDL recouvre un large éventail de pratiques. Certaines personnes aiment porter des couches, d’autres se plaisent à jouer un rôle de bébé ou à se faire materner. Cette mise en scène peut être strictement non sexuelle, axée sur le réconfort ou le relâchement émotionnel. Pour d’autres, elle s’intègre à la dimension érotique et fantasmatique de leur vie intime.
Il ne s’agit pas d’infantilisme au sens psychiatrique. Il s’agit d’une recherche consciente, d’un espace où l’adulte peut lâcher prise, explorer la dépendance consentie, l’apaisement, ou encore le contrôle inversé. Cette pratique peut offrir un soulagement émotionnel profond, notamment face à des angoisses liées à la performance, à la solitude ou à des traumatismes d’attachement.
Une pratique sexuelle entourée de préjugés
Il concerne des adultes consentants, dans un cadre clair, codifié et souvent très respectueux des limites.Mais cette incompréhension sociale pousse beaucoup de personnes concernées à se cacher, à culpabiliser, ou à refouler une part importante de leur désir. Ce silence est source de souffrance.
Sexothérapie et ABDL : un espace pour se dire
En consultation sexologique, l’objectif n’est ni de juger ni de corriger. Il s’agit d’écouter et de comprendre. Pourquoi ce fantasme ? Que permet-il ? Comment s’intègre-t-il dans la vie affective et sexuelle ? La sexothérapie offre un lieu neutre, bienveillant, où l’on peut aborder ces thématiques en toute confiance. Certaines personnes consultent pour comprendre leur attirance vers l’univers ABDL. D’autres souhaitent pouvoir en parler à leur partenaire, ou simplement se sentir acceptées dans leur singularité. Il est essentiel de rappeler que toute pratique sexuelle, dès lors qu’elle est libre et consentie, mérite d’être accueillie avec sérieux et humanité.
Sortir de la honte, retrouver la parole
Le fantasme ABDL fait partie des nombreuses sexualités qui restent taboues dans l’espace public. Pourtant, il raconte quelque chose de précieux : un besoin de tendresse, de sécurité, de mise en scène, parfois de sensualité.
Je le dis ici clairement : si vous vivez ce type de fantasme ou de pratique et que vous avez envie d’en parler, je suis à votre disposition.En tant que sexologue et psychanalyste, je vous accueille avec bienveillance pour vous aider à mieux comprendre ce qui vous anime.



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