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On s'identifie à la série «En Thérapie» parce qu'elle nous parle du monde contemporain

La série d'Arte nous donne à voir comme message subliminal la fragilité et même la porosité des limites, là où elles devraient nous être garanties.


En Thérapie est une série télévisuelle dont le concept original a été créé il y a quinze ans, en Israël (BeTipul, «en thérapie», en hébreu), repris dans près de vingt pays, avant qu'en France, Éric Toledano et Olivier Nakache en proposent une adaptation, en situant la trame narrative au lendemain des attentats de Paris de novembre 2015.

En Thérapie fait entrer le spectateur dans le cabinet d'un psy. Chaque jour de la semaine (correspondant à un épisode de vingt-cinq minutes environ), un psychanalyste reçoit un patient dans son cabinet et se rend lui-même chez une superviseuse, le vendredi. Le spectateur se fait ainsi voyeur de ce qu'il pense être l'expérience intime du travail psychanalytique.



À prendre au sérieux le succès de cette série dans tous les pays où elle a été adaptée, on ne saurait s'en tenir à la curiosité que le travail psychothérapeutique suscite chez le profane, voire au voyeurisme que le dispositif de mise en scène peut mobiliser chez le spectateur, invité qu'il est à pousser la porte de ce lieu si secret.

Un des ressorts nécessaires à tout lien entre une fiction et son lecteur/spectateur est le processus d'identification. Ici, l'identification se fait avec les patients, mais aussi avec le psychothérapeute en tant qu'il est lui-même en proie au doute, au questionnement professionnel et que s'affiche progressivement sa propre fragilité dans la vie privée.

Mais cette fiction qui veut donner à voir ce qu'il en est du travail analytique, en rend-elle véritablement compte? Oui, un peu, dans la mesure où elle montre assez bien (sur un mode extrêmement condensé) ce que peuvent traverser les patients dans le processus thérapeutique et qui n'a rien de linéaire: d'un côté, ils veulent savoir, ils veulent aller mieux, mettre un peu d'ordre dans leur rapport au monde (interne et externe), s'alléger de symptômes qui les font claudiquer dans l'existence, mais lorsqu'ils s'approchent d'un élément trop à vif, qui ferait «vérité», quelque chose en eux se dérobe, ils ne veulent pas savoir, ils résistent, ils se mentent, se débattent, attaquent le cadre analytique ou le thérapeute (on peut cependant regretter que ce soit sur un mode un peu trop théâtral ou démonstratif). C'est ce que dans le langage technique, on nomme la résistance au et dans le travail psychothérapeutique.


Extrait d'un article paru sur Slate : http://www.slate.fr/story/206009/en-therapie-serie-arte-succes-psychanalyste-trauma-attentats-intimite-patients


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