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Faut-il ou pas réglementer la pratique de la psychothérapie ?

Suite à la loi Accoyer publiée en mai 2010, le titre de psychothérapeute est réservé aux médecins et psychologues dotés d’un cursus universitaire. Cependant l’exercice de la psychothérapie reste libre de droit.



En France, les médecines douces connaissent un regain de popularité considérable au cours des dernières décennies. Les individus prennent de plus en plus conscience de l'importance de prendre soin de leur santé mentale et physique et de rechercher des méthodes de traitement ou d’accompagnement susceptibles de les aider à atteindre cet objectif.

Suite à la loi Accoyer publiée en mai 2010, le titre de psychothérapeute est réservé aux médecins et psychologues dotés d’un cursus universitaire. Cependant l’exercice de la psychothérapie reste libre de droit. Les professionnels, non psychologues, portent désormais le titre de psychopraticien, thérapeute, praticien, etc. La psychanalyse au même niveau que la psychothérapie demeure libre et indépendante. Il convient de rappeler qu’en son temps, Freud s’est opposé à la règlementation de la psychanalyse, à l’instar de Carl Rogers aux États-Unis. Pour ces auteurs, le métier de psychothérapeute doit en effet s’avérer accessible à tout le monde. Rogers a lutté pour la liberté de choix des patients en soutenant l'idée selon laquelle les patients doivent disposer du choix de la forme d’accompagnement qui leur convient le mieux. Bernard Accoyer, ministre de l’époque avait pourtant tranché avant l’adoption de la loi qui porte son nom :

« J’ai évolué, et c'est vrai que désormais il ne faut plus, à mon avis, inclure la psychanalyse dans le champ de ces psychothérapies, et donc de mon amendement. De plus, il ne faut réglementer que les psychothérapies lourdes, celles qui tentent de prendre en charge des troubles mentaux, et non pas simplement les bleus de l'âme. »[1]

De nombreuses associations et syndicats comme la F2PP, le SNPPSY, la Chambre de la Sophrologie ou la FPPP émergent pour fédérer et organiser les activités de ces thérapeutes qui possèdent un rôle très important dans l’accompagnement des français surtout dans les périodes de forte crise.

Depuis quelque temps, nous assistons à un mouvement d’intolérance de la part d’associations diverses de psychologues et de quelques journalistes. Ils assimilent en effet, tous les professionnels de la psychothérapie dépourvus de cursus universitaire à des « charlatans », adeptes d’une « pseudoscience » ou d’une « secte ». D’ailleurs que signifie l’emploi du mot « secte » pour un professionnel formé en psychothérapie ou en sophrologie ? Nous assistons à une nouvelle inquisition de la part d’acteurs très disparates : « En quoi une formation universitaire garantit-elle la compétence du praticien ? En quoi la formation médicale préserve-t-elle des abus et escroqueries ? », soutien Roland Gori. Cela concerne entre 70 000 et 100 000 personnes selon les statistiques URSAFF. Contrairement aux affirmations des étudiants, fraîchement diplômés des facultés de psychologie et dont la pratique se résume aux stages avec un contact, quand il existe, extrêmement limité avec les patients, il ne s'agit pas de « pseudoscience ». Ainsi la PNL (créée par deux psychothérapeutes et validée par Erickson en personne), la sophrologie (instaurée par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo), l'hypnose Eriksonienne (développée par Milton Hyland Erickson, psychiatre) ou encore la psychologie positive (établie par Martin E. P. Seligman, chercheur en psychologie et professeur à l'Université de Pennsylvanie), adoptent toutes une approche scientifique. En outre, le Counselling, la Relation d’aide ou la Psychanalyse existent bien avant que les facultés de psychologie ne voient le jour en France. Beaucoup de patients, ou de clients, sollicitent effectivement de leur thérapeute, un accompagnement vers la solution d'une problématique qui se pose dans leur vie actuelle, dans leur « maintenant ». En réalité l’existence de cette catégorie de « thérapeutes » pose problème notamment pour la création d’un « ordre national des psychologues ». De surcroît, les praticiens en psychothérapie représentent un acteur concurrentiel pour les psychologues travaillant de façon libérale. Il apparait dès lors évident, que la justification économique prime sur l’offre de santé et du bien-être. La longueur du cursus ne permet pas de prédire les compétences d’accompagnement. Contrairement à la plupart des autres praticiens, être psychothérapeute, voir psychologue, ne garantit pas que la personne soit formée à une technique de psychothérapie, ni qu’elle soit supervisée, ni qu’elle soit passée par un processus d’analyse personnelle.



La plupart des organismes de formations privés sont enregistrés légalement et les formateurs correspondent souvent à des psychologues cliniciens, des psychothérapeutes ou des psychanalystes. La question du « charlatanisme » en psychothérapie ne se pose que de façon exceptionnelle. Il importe de rappeler ici, les propos de Jacques Alain Miller (2003) relativement à l’exercice des thérapies fondées sur la parole :

« La pratique des psychothérapies est passée voici un demi-siècle à une échelle de masse. Elle a progressé sans être aucunement organisée par l’État. Elle n’a jusqu’à présent provoqué aucun désastre qui soit de loin comparable à celui de la canicule […] Parmi les psychothérapies, la plupart de celles qui opèrent par la parole et l’écoute procèdent de la psychanalyse (et celle-ci, selon Michel Foucault, de la pratique de la confession) ».[2]


[1] Favereau, E. (2003, décembre 5). La colère des psychanalystes fait reculer Accoyer. Libération. https://www.liberation.fr/societe/2003/12/05/la-colere-des-psychanalystes-fait-reculer-accoyer_454321/

[2] Miller, J.-A. (2003, octobre 30). De l’utilité sociale de l’écoute. Point de Vue. https://lacanquotidien.fr/blog/2003/10/jacques-alain-miller-de-lutilite-sociale-de-lecoute/


paru également : https://blogs.mediapart.fr/gianpaolofurgiuele/blog/090223/vers-une-pratique-therapeutique-non-entravee-l-autonomie-dans-la-psychotherapie



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